samedi 30 juillet 2022

La chute du cormyr

 Le fanum de Tiamat - Séance 02

A la fin de la dernière séance (Cf. Séance 01), les compagnons avaient pris d'assaut le temple de Tiamat. Après avoir vaincu Tyrgarum le dragon bleu, les héros avaient forcé l'entrée du temple et atteint la salle dénommée le Foyer. Cette pièce rectangulaire était un vrai kaléidoscope. Au centre de cette dernière cinq têtes de dragons sculptées dans la pierre descendaient du plafond. Dans chacune de leurs gueules brûlait un feu d'une couleur différente. Ils y avaient affronté et vaincu deux abishaï mineurs avant de s'intéresser aux portes.

En plus de la porte par laquelle ils étaient entrés, trois autres portes se découpaient dans les murs. La double porte au nord arborait une main griffue rouge mais elle se révéla fermée.  La capitaine Soranne ouvrit la porte de droite et n'eut que le temps d'apercevoir des prêtres hobgobelins avant qu'un mur de ténèbres ne les dissimule à sa vue. Et maintenant la suite…


Richard attaque soudainement Dorothée.

Alors que Talbert ouvrait la porte de gauche accompagné de Bolak et que Banedonsuivi par Trellana, affrontait le mur de ténèbres, Richard posa un regard étrange sur la magicienne halfelin. Invoquant Silvanus, il apposa sur elle la marque du chasseur, puis encocha une flèche. Inconsciente du danger, Dorothée modela la toile afin de dissiper le mur de ténèbres. Le ranger décocha son trait avec une précision extrême faisant voler en éclat le sceau arcanique qui protégeait l'abjuratrice. Alors que Richard encochait une nouvelle flèche, Soranne se jeta sur lui afin de le ceinturer en lui hurlant dessus. 
- C'est une traîtresse ! répondit Richard  J'ai enfin compris pourquoi l'ennemi dispose toujours d'un coup d'avance. Laissez moi la tuer !
- Non tu te trompes, tu n'es plus toi-même ! reprends toi !
Comprenant que le ranger était charmé, Bolak et Dorothée  cherchèrent l'origine du sort. Ils avisèrent alors qu'un asbishai avait survécu et se tenait en surplomb du groupe sur l'une des corniches. En effet, lors de l'assaut le diable s'était dissimulé derrière un mur illusoire, attendant son heure. Celle-ci fut courte car dès qu'il fut repéré, il connut une fin rapide mais violente sous les haches de Clangeddin. Dorothée dissipa parallèlement le sort dont été victime Richard .

L'abishaï bleu dispose de pouvoirs magiques

Ignorant le drame qui s'était déroulé dans la pièce au kaléidoscope, Banedon s'enfonça dans les ténèbres magiques qui se dressaient devant lui. Il pouvait sentir une présence hostile sans la voir mais sa foi en la Grande Mère le protégeait. Les ténèbres se dissipèrent sous l'effet de l'incantation de Dorothée et le prêtre de Chauntéa se trouva nez à nez avec un humanoïde à la peau recouverte d'écailles noires aux reflets verts. Deux cornes lui sortaient des tempes et semblaient presque lui envelopper le crâne. Enfin une paire d'ailes évoquant celle de chauve-souris achevait de le rendre terrifiant. Il maniait un cimeterre à large lame qu'il apprêtait à abattre sur l'humain. Pris de court par le retour de la lumière, il fit un bond en arrière et vomit un souffle d'acide qui frappa le clerc. Ce dernier réagit promptement en chargeant le pillard rejeton noir. Alors qu'il s'élançait, des traits magiques le dépassèrent par la droite et gauche, frappant des défenseurs hobgoblins qui se tenaient un peu plus loin dans le couloir. 

Banedon, fort du soutien de ses compagnons, abattit sa masse à tête de mort et fracassa le crâne de l'abishaï d'où s'écoula une humeur noire et bouillonnante. Avec la mort du monstre, Banedon sentit qu'il fallait pousser l'avantage et il poursuivit sur sa lancée en direction des hobgobelins. Trellana le rejoignit en quelques rapides enjambées, Dorothée restant un peu plus en retrait. Une partie de jeu du chat et de la souris allait se jouer dans les couloirs, les drakeïdes et les prêtres hobgobelins de la Main Rouge préférant éviter l'affrontement direct.

Un serviteur de Tiamat se dresse devant Banedon


Laissant derrière eux les bruits de l'offensive conduite par BanedonSoranne suivie par le Seigneur Talbert, Richard et l'alaghar Bolak progressèrent dans le couloir qui s'étirait à l'opposé de celui pris par le clerc de Chauntéa. Après la découverte d'une petite réserve, ils se tirent un instant devant une porte un peu plus large que les précédentes avec le sentiment que le mal était tapis derrière. Ce sentiment était probablement dû à l'odeur de charogne qui régnait aux abords de la porte.

Levant son bouclier et Ossuaire sa lame légendaire, Talbert fit signe à Soranne de tourner la poignée. La porte s'ouvrit sans un bruit et les combattants se ruèrent à l'intérieur en poussant force cris de défis auxquels ils reçurent en réponse de nombreux grognements. L'ennemi les attendait !


La salle de garde est prise d'assaut

Les serviteurs de la Reine Dragon se tenaient dans une vaste salle voûtée qui devait servir à l'origine de caserne pour les gardes. Mais de nombreuses pièces de mobilier avaient été entassées en haut d'un escalier pour former une barricade de fortune, preuve que la mort de Tyrgarum le dragon bleu et l'assaut rapide qui s'en était suivi avait pris de court les défenseurs. Outre les guerriers drakéides verts, c'est le corps en décomposition d'un dragon aux écailles de cuivre de plus de 5 mètres accroché au plafond par de nombreuses chaînes métalliques qui attira l'œil des aventuriers.


Soranne fait face à un champion divin de Tiamat.

Mais le temps n'était pas à l'inaction, déjà une monstrueuse silhouette s'avançait depuis les ombres. C'était un énorme guerrier draconien recouvert de la tête aux pieds d'une magnifique armure ciselée, frappée aux armes de la Reine Dragon. Son casque recouvrait entièrement sa grosse tête: il était conçu pour abriter son immense gueule proéminente et d'impressionnantes dents dépassaient de sa mâchoire inférieure. Le champion de Tiamat, car s'en était un, fit tournoyer sa lame et chargea la capitaine Soranne. Cette dernière s'avança vivement et enfonça son épée dans le flanc du monstre qui n'en eut cure. Le draconnien projeta son genou dans l'estomac de l'humaine qui se plia en deux et il enchaina avec un brutal coup d'épée. Le sang jaillit et Soranne se retrouva sur le ventre sonnée. Elle voyait flou et la créature était dressée au-dessus d'elle

Ossuaire s'écrasa alors sur la tête du monstre, jetant la créature à genoux. Un deuxième coup de la lame magique trancha les chairs de l'épaule au milieu de la cage thoracique et le draconnien s'écrasa au sol, un sang noir coulant abondamment de la blessure mortelle. Des points lumineux dansaient devant les yeux de Soranne, mais elle se remit sur pieds malgré la douleur qui résonnait dans son crâne.

- C'est pas fini ma belle ! cria Talbert, faisant déjà mouvement vers son prochain adversaire

En effet prendre d'assaut la barricade n'allait pas être simple. Les drakéides verts ne cessaient de recourir à leur souffle corrosif pour tenir leurs adversaires à distance et l'air était désormais saturé de vapeurs délétères. De plus, les reptiliens avaient l'air trop sûr d'eux, une telle confiance ne pouvait signifier qu'une seule chose: que d'autres horreurs étaient à venir ! 


La mort du Champion de Tiamat permet aux héros de pousser vers l'avant.

Un rugissement à glacer le sang retentit derrière la porte défendue par les drakéïdes et celle-ci commença à s'ouvrir. Une créature humanoïde et squelettique franchit le seuil. Talbert reconnut immédiatement un diable osyluth car il avait déjà vaincu pareil baatezu par le passé. (Cf. La bataille de la vallée hantée.). Le diable étendit ses ailes recouvertes d'une fine couche de peau afin de se grandir et paraître plus impressionnant qu'il ne l'était. Il tourna le masque d'horreur qui lui tenait lieu de visage vers le paladin et, tel un papillon attirait par la Lumière, il bondit ! 

Un baatezu Osyluth se joint à la bataille.

Pendant ce temps, dans le couloir attenant à la salle de garde, Banedon, Trellana et Dorothée avaient peu à peu repoussé  les défenseurs. Ils achevaient de tailler en pièce les derniers d'entres eux et étaient désormais tout proche d'une porte ouvrant sur la pièce où Talbert et ses compagnons lutaient pour leur vie. La tâche avait été grandement simplifiée car la plupart des monstres n'avaient guère plus opposé de résistance suite à l'apparition d'un symbole hypnotique invoqué par Trellana. Banedon, entouré d'esprits gardiens, n'avait eu qu'à les faucher comme les blés. Une dernière poche de résistance s'organisa autour d'un prêtre de guerre et d'une ravageuse hobgobeline. Cette dernière invoqua une inefficace tempête de glace sur les héros avant d'être engloutie par une colonne de feu. Le prêtre de guerre de la Main Rouge s'était opportunément replié dans la salle de garde, espérant probablement y trouver du renfort.

Les derniers défenseurs drakeïdes sont vaincus.

Mais il venait de plonger dans une mêlée toute aussi acharnée. Talbert ferraillait avec la rage d'un berserker contre le diable osseux. Son visage était aspergeait de sang, comme son plastron et ses bras, ce qui lui conférait une apparence quasi démoniaque. Une masse grouillante de lémures se déversait à la façon d'une masse de chair fondue roulant sur le sol par la porte d'où avait surgit l'osyluth. Bolak  brisa l'échine d'un drakéide trop courageux et appela son Saint Patron. La magie de Clangeddin se matérialisa, vrombissante, sous la forme d'une barrière de lames qui dévasta les rangs des lémures et plongea les drakéides survivants dans la déroute. La bataille pour la salle de garde touchait à sa fin, les derniers défenseurs drakéides abandonnaient leur barrière de fortune afin de battre en retraite sous les traits précis et mortels de Richard


Des lémures se déversent dans la pièce.

Le prêtre de la Main Rouge, incrédule face à la scène, dut se reprendre rapidement en raison de la charge de Soranne. La guerrière abattit son épée vers le monstre lui entaillant profondément le bras gauche. L'hobgobelin recula en grondant, son regard mauvais posé sur Soranne. Il la dominait en taille et en force mais elle se dressait sans peur dans une posture de défi. Un sourire mauvais ourla la face de citron du monstre quand il comprit que la jeune femme était déjà grièvement blessée et il se jeta sur elle avec un grondement de fauve. Elle esquiva habilement la première attaque mais le hobgobelin avait anticipé son mouvement et projeta son étoile du matin sur une trajectoire circulaire. Soranne manqua de peu d'être décapitée. Projetée dans les airs, elle s'écrasa sur le mur proche et s'effondra au sol immobile. Le clerc de Tiamat n'eut guère le temps de savourer son triomphe, que Banedon abattait déjà sa masse sur son visage l'enfonçant comme un fruit trop mur. Puis il se détourna du cadavre pour rejoindre Dorothée dans le couloir. En effet, deux diables barbus y avaient fait irruption, surgissant d'une salle encore non sécurisée. Les deux baatezu périrent par le feu et l'acier en quelques secondes. 

L'osyluth comprend vite qu'il n'est pas de taille face à un paladin de Lathandre.

Alors que les combats touchés à leur fin, l'odieux caquètement de l'osyluth retentit dans les couloirs. C'était le cri de rage d'un baatezu banni pour des siècles des royaumes par le bras armé de Lathandre. Epuisé mais empli d'une immense fierté, Talbert rengaina Ossuaire avant de se laisser glisser contre le mur. Déjà Bolak s'affairait auprès des blessés afin de leur faire bénéficier de la magie curative de Clanggedin. Trellana s'était précipitée vers la silhouette étendue de Soranne. Elle se jeta à terre et vérifia son pouls. Elle n'en trouva aucun: l'âme de Soranne voguait vers le domaine de Kelemvor, le Dieu de la Mort. Le silence se fit parmi les compagnons et nombreux furent les regards qui se tournèrent vers l'Abbé Banedon

L'Ensemenceur de la Grande  Mère souleva le corps sans vie de Soranne et la déposa dans l'une des couches réparties dans la salle de garde. Puis il saisit une petite gemme dans sa poche de ceinture avant d'invoquer l'âme de la défunte. La gemme resta un instant en suspension au-dessus du corps, puis elle parut se dissoudre dans le vide alors que le sort de rappel à la vie faisait effet. Soranne avait répondu présente à l'appel du devoir et renoncé pour un temps aux délices du royaume de Tempus. Alors qu'elle se redressait, elle fut enveloppée par la chaleur de soins complémentaires dispensés par Bolak. La vilaine blessure à la tête infligée par le prêtre hobgobelin s'effaça.

Trellana découvre les cuisines
Trellana, Richard et Dorothée s'assurèrent ensuite qu'aucun ennemi ne s'était dissimulé dans quelque salle inexplorée. La maître-choriste elfe se rendit entre autre dans la salle d'où les diables barbus été venus. Elle y découvrit une cuisine éclairée par le crépitement d'un four ouvert et dissimulée derrière un buffet une dame d'un certain âge à la poitrine généreuse. Elle était terrifiée et répondit sans aucune difficulté aux questions des aventuriers une fois calmée. Elle se présenta sous le nom de Laryssa et affirma avoir été capturée lors d'un raid au nord de Trallec. Elle ne devait sa survie qu'à ses talents culinaires car si les drakeïdes chassaient pour se nourrir, il n'en était pas de même des prêtres hobgobelins et du Seigneur Azzar Kull. Elle raconta avec effroi ce qu'elle a été obligée de cuisiner pour survivre et leur montra la réserve dans laquelle les corps d'humains et d'autres humanoïdes étaient entrain de sécher

Cependant, la barde elfe n'était pas dupe et soupçonnait quelques viles tromperies. Aussi lorsque Dorothée lança un sort de détection de la magie sur les cadavres, l'elfe lui demande de sonder Laryssa. Comme de juste, la cuisinière n'était pas de qu'elle prétendait. Découverte, elle reprit son apparence, celle d'une infâme guenaude avant de disparaître d'un claquement de doigt laissant derrière elle une odeur d'oeuf pourrie.  La fuite de Laryssa avait été trop rapide pour quiconque puisse réagir, seuls les dieux savaient où la sorcière avait pu se télèporter.


Laryssa menait une vie paisible avant l'arrivée des héros.


Le temps d'un repos court

Les compagnons avaient vaillamment combattu mais au prix d'une adynamie grandissante. le Seigneur Talbert précisa qu'il avait épuisé toute la puissance que sa divinité lui accordait entre deux recueillements, Bolak opina du chef car il avait lui-aussi beaucoup puisé dans la puissance divine. Frère Banedon était dans le même cas, mais il avait conscience que le temps était plus que compté rejoignant en cela la capitaine Soranne. Cependant cette dernière n'était pas confrontée aux mêmes impératifs que ses compagnons religieux: ses lames parlaient pour elle. Du côté des lanceurs de sorts profanes Trellana était pour pousser l'avantage et il en était de même pour Dorothée Gambaccorta. La halfelin s'était volontairement tenue en retrait du gros des combats afin d'assurer au groupe un appui magique conséquent par la suite. Décision fut donc prise de poursuivre l'assaut sans attendre: aucune légion démoniaque de Tiamat ne marcherait sur les terres du Cormyr.


Toujours plus loin

Empruntant le grand escalier central découvert à l'issu des combats, les aventures progressèrent plus avant dans le Grand Temple de la Reine Dragon. Après une  ascension assez longue, ils débouchèrent dans une immense caverne éclairée par des centaines de bougies rouges, bleues, vertes, noires et blanches, posées dans des niches creusées dans les murs ou sur des chandeliers fixées aux extrémités de longs bancs qui occupaient l'espace par lequel ils étaient arrivés. Le plafond semblait monter à une hauteur de presque vingt mètres, mais il était difficile de s'en rendre compte à cause des bandes de cuir qui y étaient accrochés, pleines d'écailles et de griffes de dragons bons.

Depuis leur position surélevée, les héros dominaient un vaste espace au centre duquel trônait un imposant autel en pierre, sale, tâché et brulé. Des têtes de dragons sculptées s'élevaient comme les doigts d'une main retournée s'apprêtant à saisir l'autel. Le squelette d'un immense dragon était lové autour de laraire maléfique. Un rire nerveux parcourut le groupe à la vue du monstre.

- C'est qu'un squelette les amis lâcha Gambaccorta avec un manque de conviction évident.

- C'est certain appuya ironiquement l'abbé Banedon. Après tout nous ne sommes que dans le temple de la Reine des Dragons.

Peu impressionnée, où alors totalement inconscience du danger, Soranne progressait déjà en direction de l'autel en empruntant une courte volée de marches à l'est de sa position tandis que le ranger s'éloignait discrètement du groupe avec l'intention évidente de se tenir hors de portée d'un éventuel souffle draconnique.

Le grand temple de Tiamat est bien gardé.

Bien lui en pris car l'immense dragon darda brusquement son long cou en avant en ouvrant grande sa gueule. Des volutes de fumée noires et épaisses jaillirent dans toutes les directions. Tous à l'exception de Trellana Ombre-Nocturne réagirent promptement, qui en se jetant au sol, qui en s'écartant. La Maîtresse-choriste de la loge Tiri-Kitor éprouva une terreur sans nom quand elle sentit ses membres se figer et son sang s'épaissir, son cœur menaçait de s'arrêter.

Talbert s'avança alors crânement face au monstre, enveloppant de sa sainte aura l'elfe de cuivre qui reprit lentement le contrôle de son corps. Invoquant la puissance de Lathandre, le paladin psalmodia une prière contre les morts-vivants.  Le flux divin frappa la dracoliche sans aucun effet visible. C'est alors qu'il entendit Banedon l'alerter:

- C'est un golem ! C'est un golem draconnique ! Il y a des attaches métalliques entre les os ! 

Voilà qui changeait tout ! Sûre d'elle Gambaccorta s'avisa de la présence de Soranne qui frappait désormais de taille et d'estoc le monstrueux squelette ainsi que celle d'un guerrier draconnique qui s'était glissé subrepticement dans la pièce par un passage secret. Les deux humanoïdes étaient dans l'aire d'effet de son sortilège mais cela importait peu. L'air crépita autour de l'halelin alors que la magie se pliait à sa volonté. D'un simple mot, elle inversa la gravité dans l'espace entourant le dragon. L'immense colosse alla s'écraser sur le plafond  tandis que Soranne se trouvait prise dans les raies d'un sortilège de chute de plume. D'un simple geste la magicienne rétablit l'apesanteur et le golem heurta le sol en réponse dans un fracas  assourdissant. Pourtant il redressa sans émettre la moindre plainte. On aurait dit quelque antique divinité de Mulhorandi s'éveillant au monde car le squelette était désormais revêtu des bandes de cuir qui, quelques instants auparavant, pendaient au plafond. Gambaccorta restait interdite , comment était-ce possible ? A ses côtés, tout en décochant un trait mortel qui sécha le draconnien miraculeuse en vie, Trellana s'exclama:

- C'est un golem Dorothée ! Un golem ! Il ne peut être détruit que par des attaques magiques ! La chute ne l'a en rien entamé, reprends toi !

La honte d'avoir commis une telle erreur le disputait à la colère  et déformait les traits habituellement joviaux de la pieds-velus. Ce golem commençait vraiment à l'énerver !  Sur sa droite, Banedon et Bolak agissaient de concert. Les flammes sacrées de Chauntéa et Clangeddin s'abattaient depuis les nuées sur le titan squelettique, entamant peu à peu sa résistance. Mais ce dernier refusait de se laisser vaincre.


Un golem draconnique ne peut être vaincu si aisément.


La caverne vibra sous le cri de défi du dragon au regard étincelant. Il cracha une nouvelle nuée fuligineuse en direction de la magicienne et des prêtres qui n'eut aucun effet notable. Puis le monstre vacilla sur ses appuis. Talbert avait rejoint Soranne dans la mêlée. Cette dernière était repartie à l'assaut dès qu'elle avait repris pieds sur le sol. Les deux combattants en armure s'attaquaient aux pattes du monstre tel des scolytes argentés sur un tronc d'arbre, arrachant d'importants morceaux d'os. En réponse, le golem planta une griffe aiguë et mortelle dans l'épaule de Soranne la clouant au sol comme un vulgaire papillon. La douleur était insoutenable pour la cormyrienne qui hurla. Voulant se porter à son secours, le paladin offrit une seconde ouverture au monstre qui l'écrasa sous une patte mais les immenses griffes en forme de faucille crissèrent sur l'armure de Talbert. Si son armure avait résistée, le simple poids du monstre suffirait à le tuer en quelques minutes.

Soudain une formule magique trancha l'air avec, précédant un craquement assourdissant : rozpadající se ! Au-dessus du vacarme, les compagnons entendirent le golem draconnique lancer un ultime rugissement. Une grande partie de sa cage thoracique avait tout simplement disparu. La sombre magie qui l'animait retourna à la Toile d'Ombre et la création s'effondra faisant pleuvoir des dizaines d'ossements sur Talbert et Soranne.

Quand le chaos cessa, les regards convergèrent vers Gambaccorta. La magicienne, bras tendus, haletait sous l'effort et la puissance magique qu'elle venait de déchaîner.

Les compagnons étaient maîtres du lieu mais pourquoi les récits épiques ne mentionnaient-ils jamais les souffrances endurées pour parvenir à ses fins ?




A suivre 

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